Intervention CONTRE un projet vert non cadré!
Veuillez trouver, ci-dessous, mon intervention CONTRE l'accompagnement et la diversification du choix de naissance en Rhône-Alpes.
AP 24 octobre 2013 - Intervention d'Annabel... par UDC-App
AP 24 octobre 2013 - Intervention d'Annabel... par UDC-App
Intervention, un peu réduite, du fait du peu de temps de parole mais dans sa version un peu plus complète ci-dessous :
"Mr le président, chers collègues,
Un groupe de votre majorité nous propose aujourd’hui une délibération pour un accompagnement et une diversification du choix de naissance en Rhône Alpes.
Je dois en préambule indiquer que cette délibération, en parti hors la loi, puisqu’ aucune loi, en France, n’autorise les maisons de naissance ou leur expérimentation, me semble assez pernicieuse.
Vous présentez vos maisons de naissance, comme LA seule solution respectueuse du couple, la plus saine, la plus économique, la moins médicalisée, donc la moins dangereuse car sans risque de iatrogénèse.
Vos maisons idéales se situent en dehors du périmètre hospitalier mais proche d’un hôpital, sans toutefois que vous indiquiez de distance maximale. Selon cette délibération vos structures sont très sécurisées, très cadrées, mais doucement au fil des pages vous dérapez l’air de rien pour aboutir sur des solutions alternatives, qui sont le soutien aux réseaux associatifs, la création de structures de travail physiologique et les accouchements à domicile.
Heureusement que votre délibération ne fait que 5 pages, je pense que quelques pages de plus et vous nous auriez proposé des accouchements accroupis contre un arbre, seules dans les bois pour vraiment enfanter dans la douleur et être en osmose avec la nature.
Vous savez en France, nous avons une vraie culture sécuritaire. On protège les gens malgré eux, on leur impose de mettre leur ceinture de sécurité, de ne pas rouler trop vite ou ivre, on interdit les stupéfiants, même le cannabis, n’en déplaise d’ailleurs à certains de vos collègues, et on demande aux femmes d’accoucher dans des structures proposant à la mère et à l’enfant la plus grande hygiène et la plus grande sécurité.
C’est un peu directif mais quand je vois ce que vous proposez, je me dis Heureusement !! Heureusement que certains cadres évitent le dérapage dangereux de certains illuminés rétrogrades.
Chaque jour, dans le monde, environ 1 500 femmes meurent encore des suites de complications liées à leur grossesse ou à l'accouchement.
La mortalité maternelle et les complications non létales liées à l’accouchement demeurent encore un problème de santé publique accablant.
La France n’est pas épargnée puisque elle se situe au 17ème rang européen avec un taux de 2,3 morts pour 1000 naissances ce qui est grave et sans aucun rapport d’ailleurs avec les césariennes ou l’utilisation des forceps comme votre délibération pourrait le laisser penser mais bien souvent à un manque de surveillance et de présence médicale permettant une réponse urgente et efficace.
Pensez-vous vraiment pouvoir améliorer notre rang dans la mortalité néonatale en démédicalisant l'accouchement ?
Bien malin celui qui peut déterminer qu’un accouchement est 100% sans risque. Même une femme qui accouche pour la 2ème ou 3ème fois et pour qui les premiers accouchements se sont bien déroulés peut présenter des complications inopinées pour lesquels le temps de réaction est déterminant.
En matière de naissance, il ne faut que 3 minutes d’arrêt cardio-respiratoire pour qu’un nourrisson devienne un grand handicapé avec des séquelles cérébrales graves, lourdes de conséquences pour toute une famille et pour la société qui devra prendre en charge le handicap.
Par ailleurs, une femme qui fait une hémorragie de la délivrance doit se trouver à moins de 50 mètres d’un bloc opératoire et en présence d’un obstétricien et d’un anesthésiste réanimateur si elle veut avoir la chance de voir grandir son enfant.
Accoucher dans un univers médicalisé, ce n’est pas que du confort !
Il est aussi dérangeant de voir que votre délibération stigmatise les médecins en les présentant comme des irresponsables qui prescrivent des surdoses de médicaments inutiles, à des personnes incapables de s’opposer à toutes ces prescriptions et actes médicaux.
Par ailleurs, les sages femmes qui travaillent en milieu hospitaliers ou en cliniques ne sont pas des bourreaux, elles savent aussi respecter les choix des parents, être disponibles, rassurantes, …
Les maternités à taille humaine, comme à Annecy, par exemple, intègrent déjà les sages femmes dans le suivi des grossesses et proposent aussi des préparation à l’accouchement dans lesquelles ont partage des activités et des moments conviviaux, ont a même le droit de s’y faire des amis.
Ces structures proposent déjà un accouchement physiologique et permettent aussi de répondre aux situations imprévisibles pouvant dégénérées lors d’un accouchement ou aux demandes évolutives des parents. Il arrive, en effet assez souvent que le projet de naissance du couple change, évolue et qu’une maman dès lors que les douleurs sont trop fortes oublie ses projets utopiques et demande, au plus vite l’intervention d’un anesthésiste et la pose d’une péridurale.
Les sages femmes, dont notre groupe, avec beaucoup de respect, salue le travail, l’implication et les compétences sont bien évidement tout à fait capable d’effectuer un accouchement mais le nombre de personnel qualifié présent tout comme la présence de médecins est indispensable dès lors qu’il est impossible de prévoir comment se déroulera un accouchement.
D'autre part dans vos maisons où trouverez vous des sages-femmes totalement disponibles aux parturientes ? Comment imaginer que les mamans pourront exiger d'avoir "leur " sage femme attitrée ? Des équipes seront nécessaires.
Voilà aussi un point crucial : le ratio sage-femme/patiente doit être défini et vous l’omettez !
Par ailleurs, il est idiot de dissocier le travail, de l'accouchement et d’imaginer pouvoir transférer la femme juste avant l'expulsion.
Les transferts étant déjà extrêmement difficiles quand il sont fait dans une même pièce, un transfert en fin de travail dans un autre lieu aurait ainsi des conséquences délétères, ne serait-ce que considérant le rôle de la décharge d'adrénaline sur la maman qui a pour conséquence d’inhiber les contractions.
Le risque de pathologie que vous vouliez minimiser ne serait ainsi qu'augmenté et aurait un effet contraire à celui escompté dans l'accompagnement physiologique avec, à l'arrivée, un fort pourcentage d'instrumentalisations et de médicalisations pour l'expulsion ou encore d'accouchements inopinés avant ou pendant le transfert, dans des conditions suboptimales, augmentant ainsi le nombre de risques et d’accidents.
D’ailleurs, il n’y a qu’à voir l’actualité dramatique pour comprendre que votre délibération est aberrante.
Suite au décès d’un nouveau né, l'ARS a décidé de fermer temporairement la maternité de Dourdan sur le principe que « les conditions n’étaient pas réunies pour assurer la qualité et la sécurité de la prise en charge des parturientes et des nouveau-nés »
Ces conditions non adaptées c’est quoi ? Mais c’est tout simplement ce que nous propose votre délibération : du personnel pas assez nombreux et des locaux non adaptés !
Votre délibération dénonce aussi le défaut d’assurances que subissent les sages-femmes pratiquant les accouchements à domicile. Voila un autre problème majeur, celui de la responsabilité !
Aujourd’hui des protocoles de surveillances et de pratiques, définis avec les réseaux de périnatalité, imposent aux gynécologues obstétriciens des analyses de monitoring et différentes phases de suivi à analyser, … ces protocoles sont opposables en responsabilité. Cela signifie que certains actes que vous appelez surmédicalisation sont obligatoires et qu’en cas de problème, le médecin qui n’a pas respecté ces protocoles verrait sa responsabilité personnelle mise en cause.
Pour information, un accouchement qui fini mal amène en procès des dommages s’élevant en moyenne entre 3 et 4 millions d’euros. Ce qui justifie d’ailleurs, au passage, le prix élevé des assurances obligatoires pour les médecins accoucheurs.
En cas d’absence de couverture, je vous précise que c’est le fond de solidarité, donc l’état qui prend à sa charge les dommages et intérêts, mettant par ailleurs à mal votre argumentation économique.
Dans vos structures idéalistes, qui sera responsable en cas de grave problème et de transfert d’urgence? La sage femme qui a mal identifié le risque, qui a conseillé à la maman d’accoucher chez elle, qui n’a pu pratiquer assez longtemps les gestes d’urgence ou l’obstétricien qui finalement ayant récupéré un cas désespéré n’aura pas pu sauver une vie ou empêcher qu’un enfant devienne multi-handicapé lourd ?
Au-delà du côté purement financier un tel drame est inacceptable sur le plan humain, familial et émotionnel.
Qui peut oser prendre un tel risque et faire prendre aux autres un tel risque?
Aussi NOTRE solution serait, contrairement à ce que vous proposez, de ne pas opposer les maternités non médicalisées aux maternités médicalisées.
Il est possible et positif de développer les accouchements physiologiques et l’ouverture de plateaux techniques aux sages-femmes libérales mais dès lors que cela se fait dans des structures intégrées à une maternité ou attenantes à un bloc obstétrical, ce qui signifie au même étage, avec du personnel qualifié, en nombre suffisamment important et avec la meilleure adhésion possible des médecins.
La proximité géographique des 2 entités est une condition incontournable.
Les maternités de niveau un, peuvent participer au développement de ces structures doubles. Certains établissements qui proposent déjà cette solution veillent même à bien différencier les deux entités notamment par un accès différent.
Enfin, dernier point qui concerne particulièrement les départements de l’Ain et de la Haute-Savoie. Suite à une décision politique de votre gouvernement, les frontaliers n’auront bientôt plus le droit de choisir leur assurance maladie et seront dans l’obligation de cotiser à la sécurité sociale française, donc de se faire soigner en France !
Les hôpitaux de Genève estiment cette perte à 1200 accouchements/an, ce qui signifie que, dès l'année prochaine, ces accouchements seront répartis sur les maternités des départements frontaliers!
La population des maisons de naissance est une population minime. Il serait beaucoup plus important de parler ici des conséquences de vos politiques punitives, plutôt que de perdre du temps avec des propositions irréalistes et sectaires. Le problème des accouchements des frontaliers va toucher beaucoup plus de monde et induira une problématique de sécurité, pour chaque naissance, même en milieu médicalisé.
Qu’avez-vous, Monsieur le président, avec votre majorité, envisagé de sérieux, de concret pour permettre à nos maternités d’absorber ce surplus de travail dans des conditions de sécurité satisfaisante ?"
Commentaires
Bonjour Madame
J'ai écouté avec intérêt votre intervention à l'Assemblée Régionale.
Merci infiniment Madame! votre propos est juste et prudent, on ne joue pas les apprentis sorciers avec la santé des gens , de surcroit quand il s'agit d'une femme qui met au monde un enfant.
AB
Très bonne intervention face à une position consternante qui met en danger les femmes et leur enfant. Hallucinant de proposer un tel retour en arrière lorsque que l'on voit tous les progrès médicaux accomplis en un siècle et demi.
Au 18e siècle, un accouchement sur 7 se terminait mal pour la mère ou l 'enfant...