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investiture

  • "les pieds dans la glaise et la tête dans l'horizon" (Pompidou)

    Discours d'investiture régional de Laurent WAUQUIEZ :

     

    "Mesdames et Messieurs les Conseillers régionaux,

    Avant que nous commencions nos travaux, je voudrais que nous mesurions tous l’ampleur des responsabilités qui sont les nôtres. Nous allons créer une nouvelle région, nous allons forger par notre travail une collectivité nouvelle qui aura la tâche de s’occuper de domaines fondamentaux pour nos compatriotes : l’emploi, l’éducation, les transports, la sécurité pour n’évoquer que quelques uns d’entre eux.

    Rares sont les moments où dans une vie on peut participer à la création de quelque chose de nouveau, tout revoir avec un œil neuf, sortir des sentiers battus et poser de nouvelles fondations sur lesquelles reposera notre avenir pour les années suivantes. Je suis convaincu qu’il y a en France une profonde aspiration au changement, beaucoup plus que ce que des politiques trop frileux pensent, que les Français attendent que leurs élus aient le courage de leurs convictions au lieu de s’en excuser et qu’ils sont prêts au mouvement beaucoup plus que ce que certains commentateurs croient, parce qu’ils voient chaque jour les injustices et les absurdités qui se sont progressivement multipliés dans notre pays. Et bien nous avons la chance de pouvoirs secouer tout cela dans notre région en ayant ce courage du changement.

    Jamais plus qu’aujourd’hui, je n’ai eu autant de fierté à être un enfant de notre grande et belle région, né à Lyon, élu en Haute-Loire, où vit ma famille, je sais ce que je dois à notre territoire, un territoire forgé par le travail, le sens de l’effort et de la solidarité, un territoire qui plus qu’aucun autre en France a une vraie âme. Nous allons unir ces deux régions, garder le meilleur de chacune d’entre elles et donner naissance à une nouvelle entité, capable à la fois de nous protéger et d’assurer notre avenir.

    Je remercie les deux présidents sortants de la région Auvergne et Rhône Alpes qui ont œuvré pour préparer ce rapprochement. Je vous remercie de la confiance que vous m’accordez et je pense surtout à l’ensemble de nos compatriotes. Par leurs votes, quels qu’ils aient été, ils ont choisi et nous avons connu une vraie élection démocratique. Nos habitants ont eu le choix entre des projets différents. Je veux exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont porté ce débat M. Rambaud, M. Queyranne, M. Lafond, M Kohlhaas, Mme Gomez, M. Fédèle, Mme Cukierman et M Boudot. Avec tous vos colisistiers, vous avez défendu vos convictions.

    Contrairement à d’autres régions, où la confusion a régné, l’élection a été chez nous claire, elle n’a reposé sur aucun compromis, sur aucun petit arrangement partisan et son résultat est sans ambiguïté.

    Mais aucun d’entre nous ne peut oublier le contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Rarement les politiques n’ont été aussi rejetés, rarement la défiance des citoyens n’a été aussi grande. Les difficultés sont multiples, un pouvoir d’achat qui diminue sous le poids des impôts, la crainte de l’emploi et notre région est malheureusement celle en France qui a connu en 2015 la plus grosse augmentation de son taux de chômage. Nous n’avons pas le droit de sous-estimer le désarroi de cette France qui travaille, de ces classes moyennes et modestes qui ne comprennent plus le fonctionnement d’un système qui encourage trop peu le travail. Cette crise économique est aussi une crise sociale avec le sentiment d’une perte de sens de notre système de solidarité qui ne vient plus en aide à ceux qui en ont vraiment besoin et qui n’accompagnent pas ceux qui font des efforts. Un système social qui a confondu la solidarité et l’assistanat et qui a oublié que le vrai social est le social par le travail. Enfin il y a une crise morale plus profonde encore, la crainte de voir notre pays et notre République changer de nature. Les Français ne veulent plus que l’on brocarde les valeurs qui sont les nôtres, ils attendent au contraire des politiques qu’ils redonnent des repères.  

    Et pourtant ils ne demandent qu’à retrouver un espoir, un nouveau souffle. Notre région a des atouts formidables comme aucune autre région en France, la force de ses entreprises, de son économie de proximité, de son agriculture, la qualité de son enseignement et de sa recherche, la puissance de nos infrastructures, la beauté de nos paysages, l’identité de chacun de nos terroirs. Tout ceci fait de notre région la plus belle et la plus grande des régions de France. Chez nous je suis sûr que l’on peut rallumer l’espoir et retrouver un élan.

    Ma conviction est au fond assez simple : si l’on veut changer la politique, il faut la changer par le terrain. Les Français se méfient des débats politiques en chambre stériles mais ils croient dans leurs maires. Ils n’accordent plus de crédits aux discours sans lendemain mais ils ne demandent qu’à juger sur les résultats. A l’échelle de notre région, nous pouvons changer les choses : elle est suffisamment grande pour avoir une action forte, elle est suffisamment proche pour que l’on puisse mesurer l’effet concret de notre action.

    Changer la politique par le terrain.

    Pendant cette élection, nous avons avec notre équipe pris des engagements précis, porter des convictions fortes, sans chercher à plaire à chacun, en ayant un discours clair. Il n’y a pas un discours avant et un autre discours après. Nous tiendrons chacun de ces engagements. C’est pour moi une exigence absolue. Les électeurs de notre région ont demandé le changement et ils verront la différence, notre gestion de la région ne sera évidemment pas la même que celle de nos prédécesseurs.

    La première condition est de retrouver le sens de l’exemplarité. On ne peut pas demander des efforts aux autres si on ne se les applique pas à soi-même. Les Français se voient demander toujours plus, ils attendent de leurs élus qu’ils montrent aussi l’exemple. D’abord dès la prochaine session je vous demanderai d’accepter de diminuer de 10% le montant de nos indemnités. Qui comprendrait que dans la période actuelle, on augmente les indemnités des élus ? De la même manière je souhaite diminuer le nombre de membres de la commission permanente, en-deçà même de ce qu’autorise la loi. La précédente assemblée régionale avait décidé en Rhône Alpes que tous les élus seraient membres de la commission permanente pour augmenter les indemnités. Je veux un autre comportement. Enfin nous devrons faire preuve d’un sens de l’économie sur le train de vie des élus.

    J’ai appris avec surprise qu’il était prévu que chaque élu aurait un téléphone portable avec un abonnement. Je crains d’avoir une mauvaise nouvelle. J’ai demandé à l’administration d’arrêter cela. Cette seule décision permettra de faire 1 M d’euros d’économies sur la durée du mandat. Les économies commencent tout de suite. Cela passe par des gestes symboliques mais les symboles comptent. Quand on a la confiance de ses compatriotes, cela a des conséquences et notre comportement doit être irréprochable.  Au total, le train de vie des élus d’Auvergne Rhône Alpes représentera une économie de 18 millions d’euros sur la durée du mandat par rapport à la dépense additionnée des deux précédentes régions. Nous veillerons chaque année à rendre compte des projets qui auront été financés grâce à ces efforts des élus.

    La seconde condition c’est de faire des économies sur la dépense publique. On est enfermé depuis trop longtemps dans une spirale infernale consistant à avoir sans cesse plus de dépenses de fonctionnement dans les administrations et à l’arrivée toujours plus d’impôts. Nous devons montrer à l’échelle de notre région que l’on peut changer cette fatalité avec un mode de fonctionnement totalement différent de la région. Nous devons faire émerger l’administration du XXIème siècle il n’est que trop temps. Dans les quatre mois, nous présenterons un plan d’économie dont nous rendrons compte à intervalles réguliers. Le défi est clair Auvergne Rhône-Alpes doit coûter moins cher que Rhône-Alpes et Auvergne séparément.

    Je le dis très clairement, il n’y aura, tant que les électeurs nous feront confiance, aucune augmentation d’impôts ou de taxes de la région, aucune quelles que soient les évolutions des dotations d’Etat et quelles que soient les évolutions de la fiscalité locale. Nous financerons nos actions par nos économies. Nous ferons la chasse à toutes les dépenses excessives. Cela commencera par le train de vie et le fonctionnement de la région : patrimoine immobilier, parc de voitures, réceptions. Je suis convaincu que comme partout ailleurs on peut améliorer le service rendu sans pour autant augmenter la dépense. Nous adopterons dans chaque domaine d’action des indicateurs de résultat pour mesurer nos efforts. Je souhaite qu’il y ait une transparence complète de notre action et que les citoyens puissent juger constamment de nos performances.

    Nous voulons aussi que l’on adopte un changement dans notre mode de gestion. L’administration française est devenue trop complexe, elle contrôle, impose ses normes au lieu d’aider et d’accompagner. Je ne veux plus que l’on vienne pour harceler ceux qui nous sollicitent mais que nous soyons là pour leur dire « que peut-on faire pour vous aider ? ». C’est une toute autre mentalité administrative reposant sur le partenariat et la coopération qu’il nous faut trouver.  Je n’hésiterai pas d’ailleurs à faire appel à des gens venant d’horizons différents, du secteur privé, des entreprises comme des associations, pour venir apporter leur vision à nos équipes de la région. De la même manière, je souhaite que la région soit un partenaire pour nos territoires. Le but n’est pas de tout faire nous-mêmes, le mille-feuille administratif nous coûte déjà bien trop cher pour cela. Quand des partenariats avec les départements, les intercommunalités et les communes sont possibles, nous n’hésiterons pas. Nous devons travailler en équipe à l’échelle de notre région.

    Enfin, dernière condition, il faut que les actions de la région deviennent plus concrètes pour nos compatriotes. Les chantiers seront ouverts sans attendre.

    Nous nous sommes engagés à défendre l’économie de proximité. Dans notre région, trop d’embauches sont découragés par le poids des charges. Nous allons lancer immédiatement un programme zéro charge pour la première embauche afin d’accompagner les entreprises, les commerçants, les artisans, les professions libérales dans leurs premiers pas. Cela permettra de relancer l’emploi.

    Ensuite comme nous nous y sommes engagés, nous veillerons à mettre en place une préférence régionale dans les marchés publics qui sont subventionnés par la région. Ce sont nos impôts qui les financent, il est normal qu’ils puissent bénéficier en priorité aux entreprises de la région qui payent leurs impôts et prennent des apprentis dans la région.

    Par ailleurs, nous souhaitons mieux accompagner nos étudiants et notamment ceux qui issus de la classe moyenne ou modeste qui se donnent du mal et sont des exemples de la méritocratie républicaine. Nous mettrons donc en place un système de bourses pour les étudiants méritants.

    Enfin dans le contexte que nous connaissons, il est indispensable de contribuer à l’effort national pour mieux protéger nos compatriotes.  Je rencontrerai dans les prochains jours le PDG de la SNCF et ses équipes régionales pour voir comment renforcer la sécurité des usagers. Par ailleurs, nous renforcerons très rapidement les outils de protection de nos lycées. Enfin je souhaite que l’on puisse accompagner les communes qui veulent s’équiper en vidéo-protection. Personne ne pourrait comprendre que l’on protège les administrations mais que l’on ne fasse rien pour nos TER ou les établissements scolaires de nos enfants.

    Par ailleurs d’ici à la fin de l’été, je souhaite que les politiques de la région soient totalement revues dans quatre domaines.

    L’apprentissage avec comme objectif de faire de notre région la première région en France de l’apprentissage.

    L’agriculture pour laquelle nous avons une grande responsabilité. Nous ne pouvons accepter que l’on laisse les agriculteurs, profession qui mérite respect et reconnaissance, s’enfoncer dans le découragement. Pour moi c’est plus profondément encore la défense de la ruralité. Notre région ne peut laisser à l’abandon certains territoires, cela vaut pour l’Auvergne comme pour Rhône-Alpes : présence médicale, couverture portable ou internet, présence des commerces et des services publics de proximité, attention à nos aînés, manifestations culturelles. Notre région doit faire preuve d’un sens de la solidarité territoriale. La ruralité n’est pas condamnée au déclin pour peu que l’on en prenne soin. Il n’y a pas de protection de l’environnement et de développement durable sans attention à nos territoires ruraux.

    Par ailleurs nous souhaitons ouvrir le dossier de la formation professionnelle en établissant un système de droits et devoirs : plus d’aide pour ceux qui se donnent du mal, moins d’aides pour ceux qui abusent du système. Les financements seront orientés en direction des métiers qui embauchent, ce qui est juste une question de bon sens.

    Enfin vous le savez nous allons porter une grande ambition numérique pour notre région. Je suis convaincu que Rhône-Alpes Auvergne peut devenir la Silicon Valley européenne. Nous avons les chercheurs, nous avons les formations, nous avons les entreprises, il faut donner du souffle à tout cela en aidant les acteurs à travailler ensemble. La première pierre de cette ambition sera la création d’un campus européen des métiers du numérique sur le site abandonné de Charbonnières.

    Je sais pouvoir compter pour tous ces défis sur le professionnalisme des agents de la région et sur leur motivation. Je veux aussi tendre la main aux élus de l’opposition. Les habitants de notre région attendent de notre part un comportement respectueux et constructif. Nous vous tendons la main, ayons le sens des responsabilités qui permettent de comprendre que les Français sont las des affrontements politiciens mais attendent de nous le sens de l’intérêt général. Pas de postures ou d’affrontements artificiels, mais le sens du travail commun. Tirons vers le haut notre région.

    Pompidou, élu de notre région, avait l’habitude de dire que la politique doit à la fois avoir les pieds dans la glaise et la tête dans l’horizon. Il nous faut à la fois être très concret dans notre travail et ambitieux dans nos valeurs. Les valeurs que nous défendons, le respect, la méritocratie, le travail, la solidarité, l’initiative, l’exemplarité, l’équilibre entre les droits et les devoirs, la laïcité contre le communautarisme, aucune de ces valeurs ne devraient nous opposer. Ce sont les valeurs qui ont fondé notre pays et qui peuvent nous rassembler. Ce sont des valeurs de bon sens, elles sont des repères solides pour cette entreprise de changement qui nous attend.

    Car plus que tout, nous aimons d’abord notre région et c’est cela qui doit nous guider. Auvergne Rhône-Alpes, Rhône-Alpes Auvergne, nous voulons faire de notre région le modèle de la France, une fierté pour notre pays, un des moteurs de l’Europe. Notre région est une des rares qui n’a pas perdu le sens du travail et de l’effort. Ce ne sont pas des gros mots. Il faut que demain, celui qui veut aller de l’avant, celui qui a un projet, celui qui a une idée quelle qu’en soit l’importance sache qu’il trouvera du côté de la région un soutien. Il y a dans notre région tellement d’énergies qui ne demandent qu’à se révéler. A nous d’être à la hauteur et de soutenir ceux qui se donnent du mal.  

    Je veux que demain on puisse se dire, là où les choses bougent, là où on a de l’envie, là où on innove, c’est en Rhône Alpes Auvergne, je veux que demain on puisse se dire notre région est la fierté de la France, le symbole d’une République qui repart de l’avant. Ensemble, nous allons construire la région de demain.