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En session à la région

Après la commission permanente nous avons commencé, pour 1 fois, à peu près à l'heure, notre assemblée plénière. 

Le 2ème point de nos débats concernait le soutien régional à la filière Foret-Bois, vous trouverez ci-dessous mon intervention.

 
AP 13 décembre 2012 - Intervention d'Annabel... par UDC-AppVIDEO de mon intervention 

 

 

Intervention d'Annabel ANDRÉ-LAURENT, Conseillère régionale UDC App.

 

 

Soutien régional à la filière forêt-bois


(seul le prononcé fait foi)

Les politiques de développement durable et du Grenelle de l’environnement mises en place par l’ancien gouvernement, sous la présidence de Nicolas SARKOZY, ont donnée un nouvel élan à l’utilisation du bois.

Mais le développement de la filière bois, basé sur une richesse naturelle, se doit de respecter avant tout des principes essentiels à la bonne gestion de la ressource forestière comme :
- le respect de l’environnement et de la biodiversité lors de l’exploitation forestière,
- la gestion de la ressource de manière durable afin de garantir son renouvellement,
- le maintien des activités de loisirs/tourisme offertes par la forêt,
- un équilibre au sein de la filière bois entre la construction, l’énergie et l’industrie avec le bois chimie.


La région Rhône-Alpes, avec ses 1 540 300 ha, est la 2e région forestière française en termes de superficie.
Elle compte le plus important volume de bois sur pied avec 276 millions de m³, avec un accroissement annuel de 8,7 millions de m³.

Rhône-Alpes forte des 10 210 établissements de la filière bois est la première région française en termes de nombre d’établissements mais se situe en 17e position dès lors que l’on parle en nombre d’emplois de cette filière par rapport à l’économie totale de la région. La filière ne représentant que 3 % des établissements et de l’effectif salarié de Rhône-Alpes.

Ainsi, la foret rhônalpine au regard des ressources forestières disponibles représente non seulement une richesse naturelle sous exploitée mais surtout des opportunités uniques, la valorisation locale du bois représentant un potentiel de croissance économique majeur qui doit contribuer au développement de l’emploi et de la valeur ajoutée dans notre région.

Nous devons l’utiliser tout en restant bien évidement en adéquation avec les objectifs de développement et d’exploitation durable des ressources, car la forêt est une ressource qui doit se réfléchir dans la durée.

Aussi, Monsieur le Président, l’objectif général de votre délibération devrait être de réduire rapidement le déficit de notre balance commerciale bois et de positionner durablement la région Rhône-Alpes comme leader sur la filière bois au niveau national voire dans un second temps au niveau international.

Pour ce faire vous devriez :
- augmenter le nombre d’offres de formations initiales et continues, développer l’intérêt des jeunes et des moins jeunes pour cette filière d’avenir, développer les lieux d’apprentissage pour les professionnels et faire correspondre l’offre d’emploi avec la demande et les besoins de la filière bois,
- faire évoluer les acteurs de la filière bois pour pouvoir répondre aux enjeux d’avenir,
- mobiliser tous les acteurs publics et privés, promouvoir la ressource locale, encourager les démarches durables, favoriser les échanges et la communication entre les acteurs de la filière, créer des lieux de rencontres et d’informations, soutenir la mise en place de projets collectifs, le travail en réseau et les groupements d’entreprises afin de permettre à tous les acteurs de cette filière d’accéder à de nouveaux marchés et de s’adapter aux attentes évolutives de leurs clients.

Il faut apporter de l’ingénierie à la filière dans son ensemble afin d’aider les entreprises à accroître leur compétitivité et leurs emplois.

Cela passe par le soutien à l’industrialisation et la modernisation de la filière et particulièrement des scieries, structures actuellement de petites tailles et peu compétitives à l’échelle internationale.
De nombreuses scieries ont fermé en Rhône-Alpes ces dernières années, attention, sans scierie locale, sans professionnels du bois capable de faire localement du débardage, de l'aboutage, du rabotage ou du séchage, il ne peut y avoir production locale de bois.

Aussi, en parallèle, il faut travailler à la promotion du bois, renforcer l’information sur le bois et son utilisation en coordonnant l’action territoriale, être prospectif sur un marché en forte mutation, attentif et ouvert aux filières proches.

C’est pourquoi, il est impératif de créer un véritable esprit de filière et d’engager une forte animation du monde forestier dans son ensemble.

Ainsi, si nous adhérons fortement au soutien de la région à la filière bois, nous nous opposons farouchement à l’idée que cela se fasse dans le cadre des PSADER.
Au vu des enjeux, le périmètre d’approche ne peut pas être un CDDRA, c’est une vision beaucoup plus large, plus ambitieuse que nous attendons de la région.

Dans un contexte fortement concurrentiel, la région doit aller vers la mise en place d’une structure fédérative type Pole de compétitivité rassemblant les entreprises, la recherche et la formation afin de créer un vrai esprit de filière soutenu par les pouvoirs publics. Comme le pôle fibres en Alsace-Lorraine ou le pôle Xylofutur en Aquitaine.

Seule la structuration de cette filière garantira la pérennité des acteurs économiques rhônalpins de la filière bois dans son ensemble.

Voilà ce que devrait être l’état d’esprit même de votre politique dans ce domaine.

Par ailleurs, contrairement à ce que l’on pourrait croire en lisant votre délibération, il serait dangereux de vouloir opposer les filières bois énergie et bois construction. Ces filières sont au contraire totalement complémentaires. Lorsque l’on coupe un arbre, si le cœur de l’arbre est réservé à la construction, les tombées servent quand à elles principalement à la filière bois énergie.

Aussi, ces deux filières se rejoignent totalement sur la thématique de l’efficacité énergétique et participent à l’autonomie énergétique de notre territoire.

La Région doit soutenir la R&D pour que la filière bois et particulièrement le bois énergie se situe dans une dynamique d’excellence environnementale dans un but précis de réduire de façon considérable la pollution atmosphérique générée par le bois énergie.

Le bois énergie participe grandement au développement des EnR thermiques mais en ce qui concerne la pollution de l’air, nous savons qu’environ 50 % des émissions de poussières de la région Rhône-Alpes sont issues de la combustion du bois utilisé notamment pour le chauffage individuel.

Nous devons aussi être conscient que le nombre de logements individuels chauffés au bois va augmenter de 30 % dans les années à venir. Tout comme nous devons prendre en compte le fait que la production des chaufferies collectives sera multipliée par 10 et les chaufferies en industrie par 3. La cogénération bois sera également fortement développée.

L’impact de ses particules fines est un point particulièrement sensible amplifiées sur les zones PPA, dont la vallée de l’Arve en Haute-Savoie qui dépasse les seuils réglementaires et est donc soumis à une obligation de résultat à très court terme.

Nous aurions aimé que la région nous donne un éclairage précis sur cette partie du dossier.
Le soutien à la filière bois ne pourra se faire qu’en innovant et soutenant la R&D que ce soit pour réduire les pollutions induites par le bois ou pour créer de nouveaux marchés potentiels, de nouveaux besoins, de nouvelles demandes.

Aujourd’hui dans nos territoires 25 % des nouvelles maisons individuelles sont en bois soit 4 fois plus qu’ailleurs en France mais il y a encore un potentiel de développement énorme dans ce domaine tout comme dans le design, dans les créations contemporaines, l’architecture intérieure…

Un arbre à une durée de vie limitée ! La forêt rhônalpine est une forêt qui est entrain de vieillir, ce qui à des conséquences sur la résilience de cet écosystème. Une forêt mal entretenue résiste mal au changement climatique, aux tempêtes, aux espèces invasives, etc.
Exploiter nos forets est bénéfique à notre économie et à notre environnement.

C’est pourquoi votre politique doit valoriser la ressource bois et nous donner une envie irrépressible de consommer du bois afin de développer notre économie mais aussi pour pérenniser notre environnement.
Malheureusement, votre délibération principalement axée sur l’agriculture et l’énergie manque dans les faits d’une vraie orientation développement économique.

Il faudrait soutenir la création d’un pole de compétitivité bois qui serait une vraie opportunité, à même de permettre la structuration de cette filière et la création de ponts avec les filières complémentaires.

Fixez des priorités, arrêtez de multiplier les conférences qui n’en finissent plus et les expérimentations même si celles-ci doivent être « innovantes et inédites » et passez rapidement aux actes.

Il existe dans plusieurs départements de notre région des maisons du bois, des pôles d’excellence… Appuyez-vous sur l’existant pour mettre en place votre politique bois, mutualisez les compétences, les moyens, ne faites surtout pas ce que vous avez systématiquement l’habitude de faire, c'est-à-dire créer de nouvelles structures, saupoudrer les moyens pour finalement avoir des retours insatisfaisants, décevants et trop coûteux.

Mettez en place des engagements politiques forts impliquant un réel développement durable quantitatif et qualitatif de la filière bois…

Ayez une action dynamique, une vraie approche économique, environnementale, constructive et en cette période des vœux de fin d’année, moi je souhaite que, pour une fois, vos engagements soient à la hauteur de nos attentes, des attentes de la filière et de vos promesses.

 

 

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