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Mon intervention, au sein de la région, sur la transition énergétique

Aujourd'hui, au sein du Conseil Régional, la matinée était consacrée aux discussions sur la transition énergétique de notre pays.

3 questions étaient abordées :

-Comment aller vers l’efficacité énergétique et la sobriété ?

-Quels choix en matière d’énergies renouvelables ? Quel mix énergétique ?

-Quelle gouvernance et quels financements de la transition énergétique ?

Je suis intervenue sur la 2ème partie, dans une ambiance tendue avec un président du Conseil Régional qui coupait la parole et les micros, voulant certainement contrôler les débats et ainsi éviter les débordements d’une partie de sa majorité verte extrémiste.

Dommage de n'avoir que 7 minutes pour porter un sujet si complexe, important et vaste,  ... même en parlant vite, je n'ai malheureusement pas pu tout dire.

Vous trouverez l'intégralité de mon intervention écrite, ci-dessous. 

 

Intervention d'Annabel ANDRE-LAURENT, Conseillère régionale UDC App.

 

 

Débat sur la transition énergétique (quels choix en matière d'énergies renouvelables ?)



Intervention en Vidéo à la demande

AP 31 mai 2013 - Intervention d'Annabel ANDRE... par UDC-App(Pour lire la vidéo, cliquer sur la flèche dans l'image)


(seul le prononcé fait foi)

Vous nous demandez de participer au débat sur la transition énergétique de notre pays.

Je voudrais tout d’abord vous rappeler que ce débat n’est pas de la compétence légale de la région. C’est un débat qui doit avoir lieu aux niveaux national et européen car les décisions de chaque pays auront un impact sur l’avenir sociétal, écologique, économique, géopolitique et sécuritaire… de notre planète.

Au sein des différents pays et régions du monde, les responsables politiques doivent trouver une équilibre entre les sources d’énergies permettant une continuité d’approvisionnement (nucléaire, thermique, hydroélectrique) et celles dépendant d’éléments extérieurs intermittents tel que le solaire ou l’éolien et cela, tout en respectant leurs objectifs économiques et environnementaux.

Aussi, si de nombreux pays ont pris conscience de la nécessité de consommer moins d’énergie et de protéger notre environnement, les questions du développement économique, du coût de l’énergie, de la rentabilité et de l’indépendance énergétique restent au centre de ce débat. Chaque pays doit réfléchir et évoluer en fonction de ses ressources, de sa localisation, de ses besoins, de ses compétences et de son savoir-faire.

Je ne vais pas vous faire faire, comme Monsieur SOULAGE, le tour du monde mais regarder ce qui se passe ailleurs me semble nécessaire. 

Au cours de la dernière décennie, le charbon, énergie au bilan environnemental très négatif mais aux réserves importantes et au coût d’exploitation pour la production d’électricité très avantageux, a répondu pour près de moitié à la croissance de la demande mondiale d’énergie, à un rythme presque égal à la somme des énergies renouvelables, additionnées au pétrole, au gaz et au nucléaire.

En Chine, la croissance de la demande en électricité est telle que la production des centrales à charbon, augmente presque aussi vite que ses productions nucléaires, éoliennes et hydrauliques combinées.
Même si elle se donne pour objectifs de réduire de 16 % son intensité énergétique d'ici 2015, la Chine pense avant tout à fournir de l’électricité à ses entreprises et à développer son économie. C'est grâce à cela que nous pouvons, malheureusement, acheter tant de produits chinois bon marché.

L’Allemagne, qui a décidé d’arrêter ses centrales nucléaires n’a eu d’autres solutions que d’augmenter sa consommation de charbon. 28 centrales au charbon, notamment au lignite indigène, sont en cours de construction afin de proposer une électricité à un tarif accessible dans un but avoué de conserver prioritairement son économie et cela au détriment de la lutte contre les émissions à effet de serre.

Le Japon, suite au Tsunami qui a provoqué l’accident de Fukushima en 2011, a décidé d’arrêter ses centrales nucléaires, ce que réclame à cor et à cri une partie de votre majorité. Mais il faut savoir que cela ne s’est fait pas sans douleur. Les Japonais ont été forcés de réduire, en urgence, de façon drastique, leur consommation d’énergie. L’utilisation des climatisations a été interdit, même en plein été, même dans les maisons de retraite et les entreprises ont du imposer la mise en place de week-ends décalés, déstructurant de ce fait l’organisation familiale des salariés mais permettant de lisser les consommations d’électricité et ainsi de gommer les pics de demande d’énergie. Je ne suis pas certaine que votre aile verte donneuse de leçon soit, pour autant, prête à de telles concessions.

Enfin, en important des hydrocarbures, le Japon, a fait basculer dans le rouge le solde de ses échanges commerciaux et a augmenter de façon insupportable ses tarifs d’électricité ; les centaines de parcs solaires et les nombreuses centrales thermiques au gaz naturel ne compensant que la puissance équivalent à celle d’un réacteur nucléaire moyen. Aujourd’hui, non seulement le Japon, n’envisage plus l'abandon total de l'atome mais prévoit même un renouveau du nucléaire en rouvrant les centrales sur des critères de sûreté plus stricts en collaboration avec… les Français et l'ASN.

La Pologne, la Turquie ou le Vietnam démarrent le nucléaire et de nombreux autres pays continuent leurs investissements comme les Etats-Unis, la Russie, l’Inde, le Royaume-Uni ou la Finlande… et cela dans un souci commun de protection de l’environnement, de coût et d’indépendance énergétique.
Pour information, notre électricien national, EDF, négocie fermement pour remporter le marché des centrales nucléaires que le Royaume-Uni doit absolument construire.

La demande en énergie augmentera d’un tiers entre 2010 et 2015 du fait de la croissance démographique, de la longévité, de l’urbanisation et de l’amélioration de la qualité de vie alors qu’aujourd’hui près de 1,3 milliard de personnes n'ont toujours pas accès à l'électricité et 2,6 milliards sont privées de combustibles et de technologies de cuisson modernes.

Aussi, l’enjeu est bien d’être capable de doubler rapidement notre production d’énergie afin de répondre à la demande et aux besoins constamment accrus tout en divisant par 2 nos émissions de CO2 pour atteindre les objectifs de la communauté internationale en matière environnementale.

Par ailleurs, la question de la sécurité d’approvisionnement ne doit pas être oubliée. Les Etats-Unis qui importent actuellement près de 20 % de leurs besoins énergétiques totaux deviendront certainement d’ici 2020, le 1er producteur mondial de gaz et de pétrole non conventionnels. Ils seront ainsi totalement indépendants voire autosuffisants en matière d’énergie. Continueront-ils à sécuriser les voies maritimes permettant ainsi aux autres pays l’approvisionnement du pétrole en provenance du Moyen-Orient ?

Et en France, que se passe-t-il ?

Dans le livret programme de Monsieur HOLLANDE, ce dernier annonçait vouloir :
- combattre le chômage, redresser la France et son économie, engager un mouvement de relocalisation de la production,
- faire de la France la nation de l’excellence environnementale, garantir un prix d’accès raisonnable à l’énergie et préserver l’indépendance énergétique de notre pays…

Aujourd’hui en France, le nucléaire représente 75% de notre production nette d’électricité.
L’hydroélectrique représente 81% de l'électricité renouvelable, soit 12% de la production électrique, demeurant ainsi un contributeur essentiel à l’ajustement de l’offre et de la demande.

Concernant le solaire, si l’on veut encore y croire, force est de constater la défaillance de ce secteur, qui est en faillite dès lors que l’on diminue les perfusions de subventions qui ont d’ailleurs davantage bénéficiées aux productions chinoises qu’à l’emploi et aux entreprises françaises.
Quant à l’énergie éolienne, l’intermittence de sa production est un point faible, non négligeable, limitant considérablement son développement.

A vouloir engager trop vite une transition énergétique plus dogmatique qu’économique ou environnementale vous allez devoir financer des filières nouvelles comme le photovoltaïque ou l’éolien, dont on comprend bien qu’il faut les faire exister, mais qui n’existent malheureusement qu’à coup de fonds publics. Sauf que diminuer la dépense publique est aussi un impératif.

Allez-vous reporter les subventions données à ces filières dans les prix payés par le consommateur, lui-même déjà étranglé par vos hausses d’impôts et qui a vu depuis 1 an son pouvoir d’achat fondre comme la neige artificielle, que vous aimez tant, au soleil ?
Allez-vous subventionner les ENR puis ensuite subventionner le consommateur pour qu’il puisse s’offrir les nouvelles ENR..?

Rappelons qu’aujourd’hui, 90% de notre mix énergétique électrique provient d’énergies, non émettrices de CO2 et bon marché.

Si l’on fait un focus sur la répartition des emplois pour les différentes filières énergétiques, on se rend compte que le nucléaire porte 165 000 emplois dont 40 000 indirects alors que la filière éolienne emploie aujourd’hui l’équivalent de 11 000 personnes. On estime qu’en 2020 grâce à l’implantation, espérée, de plusieurs unités de construction de mâts, de pales et autres gros composants, l’énergie éolienne sera en mesure d’employer, en France, 57 000 personnes soit 1/3 des emplois du nucléaire (étude ADEME 2010).

Nous sommes loin des 100 000 emplois annoncés par le gouvernement de Monsieur HOLLANDE qui veut faire de la France, un exemple en terme d’environnement, mais qui se trouve aujourd’hui confronté à la réalité économique dramatique de notre pays avec un déficit et une dette qu’il n’arrive pas à maîtriser. Depuis son arrivée, le seul élément qui est en pleine croissance est le chômage : chaque jour, en France, plus de 1000 personnes nouvelles se retrouvent sans emploi, près de 80 000 chômeurs supplémentaires sur les 2 derniers mois.

En 2012, la facture énergétique de la France a atteint 68 milliards d’euros alors que nos importations d’uranium naturel sont de l’ordre de moins d’un milliard pour produire 75% de notre électricité. Pour produire la même quantité d’énergie il aurait fallu rajouter à notre facture 20 milliards en importation de gaz ou de pétrole.

Ainsi, la diminution importante du nucléaire aurait des répercutions significatives sur les dépenses de notre pays en importation de combustibles fossiles, sur le prix de notre électricité en augmentant la facture des ménage de 50% à 100% et sur nos objectifs climatiques.

Quant à la région Rhône-Alpes, elle a un taux d’activités industrielles nettement supérieur à la moyenne nationale notamment dans l’industrie de la sous-traitance et de l’équipement.
Si l’on veut garder, voire augmenter notre potentiel industriel régional, nos entreprises doivent être concurrentielles sur le marché mondial et l’un des critères de rentabilité est bel et bien le coût de l’énergie que nous devons comparer avec celui des autres pays.

Il n’y a qu’à regarder du côté de la Maurienne et de l’usine Rio Tinto Alcan pour s’en rendre compte. L’aluminerie savoyarde se retrouve sur la sellette à cause du coût de l’énergie qui représente jusqu’à 40% de ses charges de production alors que ses concurrents du Moyen-Orient bénéficient d'un accès direct à de l'énergie bon marché.

Sans coûts de production et coûts d’accès à l’énergie, faibles et compétitifs, nos entreprises fermeront et délocaliseront leurs productions pour aller s’établir dans des pays à l’énergie accessible dans lesquels se situeront également leurs donneurs d’ordres.

Le prix de l’énergie sera, dans un futur proche, l’argument économique n° 1 et n’oublions pas que sans énergie il ne peut pas y avoir de développement.

On ne peut que constater qu’aujourd’hui Monsieur HOLLANDE se trouve face à des choix de plus en plus complexes et parfois contradictoires.

Conserver et sécuriser l’énergie nucléaire française propre et peu coûteuse, aujourd’hui la moins cher d’Europe, autoriser la recherche sur les gaz et huiles de roche-mère ou non conventionnelles dans un cadre réglementaire stricte et solide… et ainsi soutenir l’emploi et aider nos entreprises en leur garantissant une indépendance et une sécurité énergétique stable et peu cher sur le long terme ou faire plaisir à une partie de sa majorité en augmentant les subventions vertes, en fermant les centrales nucléaires… au risque de porter un coup fatal à notre économie.

Quel dilemme, pour vous faciliter la tache, peut être que vous devriez, à l’instar du mot race, dans la constitution française, commencer par enlever des dictionnaires les mots : pollution, nucléaire, rentabilité et chômage.
Cela vous aiderait certainement !

Commentaires

  • Bien d'accord avec cette longue analyse très complète dont je retiendrai les dix premières et les treize dernières lignes.

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