Mon intervention sur le dossier régional "Montagne 2040"
Je vous prie de trouver, ci-dessous, mon intervention sur le dossier régional montagne 2040, dossier qui a nécessité 18 mois de "travail" pour aboutir à RIEN !
Dénonçant l'immobilisme, le manque de réalisme, la méconnaissance totale du monde et des priorités économiques des majorités régionales et gouvernementales, mon intervention se veut pragmatique et concrète.
AP 18 décembre 2013 - Intervention d'Annabel... par UDC-App
"Mr le président, chers collègues, …
Vous nous demandez aujourd’hui de statuer, sur votre rapport « Montagne 2040, nouveaux temps, nouveaux défis ! »
J’avoue qu’avant de lire ce dossier, j’étais pleine d’espoir.
Mais en fin de compte après un inventaire de la litanie de ce que nous avons déjà abordé dans tous les documents régionaux, directives, schémas, conventions, chartes, protocoles, … vous ne nous proposez que :
1-d’imaginer de nouvelles règles devant servir de socle commun de « bonne conduite à imposer à tous,
2-de mettre en place, comme action phare, une grande conférence régionale sur la montagne qui prendra la forme d’une commission extrarégionale montagne qui viendra rajouter encore une couche supplémentaire au comité de massif et au conseil national de la montagne.
Les écolos n’ont pas le monopole de l’amour de la montagne !
Notre groupe aussi aime la montagne et les montagnards…
Nous sommes aussi conscients de la fragilité de nos territoires.
Mais à la différence de vous, nous, nous croyons en l’intelligence des montagnards et nous avons confiance dans les élus locaux.
Nous pensons qu’il est dangereux de leur imposer encore de nouvelles règles qui n’auront pour conséquences que de les étouffer encore un peu plus et de leur compliquer la vie et nous savons que tout projet, pour être viable, nécessite de l’argent, des investisseurs et se doit d’être rentable.
Nous savons que les actes valent beaucoup mieux que de longues délibérations.
Aujourd’hui, vous avez la main sur tous les pouvoirs, que ce soit au niveau national ou régional, vous avez la main sur les fonds européens, vous dirigez une des régions les plus puissantes d’Europe, alors, qu’attendez vous, pour proposer des solutions concrètes ?
Mme Comet, vous voulez étudier des modes de transports alternatifs à la voiture individuelle et limiter les gaz à effet de serre? Votre politique doit être réaliste, facilitatrice, préserver notre environnement et notre économie et répondre aux besoins réels des montagnards et des touristes qui viennent parfois de loin pour se rendre dans nos territoires. Le Lyon-Turin doit faire partie de votre approche. Dommage que vous ayez refusé de participer au débat qui abordait son avenir et que vous vous opposiez à ce projet.
Vous voulez soutenir l’agriculture de montagne ? Augmentez votre budget Agriculture, aidez à la modernisation des investissements de transformation (étables et ateliers de production), subventionnez le surcoût lié à l’achat de matériel spécifique dans les territoires à contrainte notamment dans nos montagnes, matériel également nécessaire à l’entretien des paysages, augmentez les fonds alloués aux plans de modernisation des bâtiments d’élevage dans les alpages et dans les vallées, revalorisez les aides pour les jeunes agriculteurs et faites en sorte que ces aides soient toujours accessibles aux jeunes qui, pour des raisons de longévité, ont été majoritairement encouragés à se constituer en gaec,
Soutenez les agriculteurs et soyez réactifs lorsque la brucellose menace leurs exploitations et leur santé,
Vous voulez soutenir la pluriactivité, vous voulez aider les agriculteurs et les saisonniers ? Faites passer le plafond de 536 heures de travail en parallèle de l’exploitation agricole en Gaec, à 700 heures, ce qui correspond davantage au temps réel de travail d’un saisonnier.
Vous voulez limiter les spéculations et « évasions foncières » ? Garantissez aux agriculteurs un salaire minimum correct et une retraite décente, afin qu’ils puissent raisonnablement gagner leur vie et ne soient pas tentés de vendre leur terre,
Vous voulez soutenir l’offre touristique en Rhône Alpes? Aidez nos professionnels, supprimez les 30 nouvelles taxes mises en place, comme la taxe sur la bière ou le coca, … revenez à une TVA à 5,5%. Vos impositions impactent les tarifs, affaiblissent la compétitivité, font diminuer d’autant les chiffres d’affaires, les marges, le nombre d’embauches et limitent les investissements.
Assouplissez les normes de l’hôtellerie qui est en grande difficulté, rétablissez le dispositif régional d'aide à l'hôtellerie indépendante et familiale, restaurez un système d'aide à l'investissement. Avec l’arrivée de l’échéance de 2015 et le contexte concurrentiel exigeant et difficile dans lequel nous nous trouvons, ces actions sont indispensables.
Vous voulez garantir aux montagnards la présence de médecins toute l’année ? Proposez à ces médecins des aides à l’installation, des honoraires différents, … La télémédecine c’est bien, mais cela ne permet ni la pose d’un plâtre, ni les points de suture.
Vous voulez soutenir les événements internationaux, populaires et les fédérations de sports de montagne ? Je vais être heureuse de pouvoir annoncer, à la Clusaz, que vous allez dorénavant soutenir le Roc des Alpes, qui a une approche saine et sportive de la montagne, qui fait la promotion des produits agricoles locaux et permet à tous de tester le vélo électrique qui vous plait tant !
Vous voulez favoriser les loisirs de montagne ? Arrêtez de faire de nos montagnes des sanctuaires dans lesquels toutes les activités sportives sont interdites, comme dans la réserve naturelle des Saisies ou vous bannissez les raquettes, la peau de phoques et la pêche, … sports pourtant non polluants et sains et dont la production ou la commercialisation créent des emplois dans nos montagnes !
Vous voulez que l’offre sportive attire les jeunes ? Oui a la carte M’ra sport mais en parallèle arrêtez de tuer les skis club !
Vous savez pertinemment que les semaines scolaires de 4 jours et demi annoncent la mort des skis club qui ne peuvent fonctionner que par journée pleine. Revenez sur cette reforme dangereuse pour nos communes de montagne qui n’ont ni les moyens ni les infrastructures pour appliquer ces dispositions tellement mauvaises que Mr Peillon n’a même pas eu le courage de les présenter au parlement et a préféré passer par la voie du décret.
Vous voulez développer les formations des métiers de la montagne et les apprentissages ? Arrêtez de diminuer les budgets investissements en direction de l’apprentissage, arrêtez de diminuer les aides aux employeurs, proposez des formations qui répondent aux besoins réels des entreprises et non aux professeurs que vous avez sous la main ou aux places vacantes dans les organismes de formation.
Apprenez aux jeunes à parler couramment anglais, russe ou allemand, … afin qu’ils puissent communiquer et travailler avec leurs clients étrangers.
Vous aimez nos territoires de montagne ? Revenez sur votre découpage des cantons car votre loi sacrifie les territoires ruraux et nos montagnes au profit du seul critère démographique.
Vous voulez pérenniser les commerces de proximité, les emplois saisonniers ?
Alors laissez travailler les montagnards !
Garantissez leur dès maintenant un zonage de vacances de 4 semaines en plein cœur de l’hiver et des semaines de vacances pleines.
Garantissez leur de vraies vacances de Pâques quand il y a encore de la neige et que les vacanciers peuvent venir skier au risque sinon de répercutions graves sur l’économie et les emplois dans nos montagnes.
Aidez les montagnards à consolider leur économie car sans travail on ne peut pas vivre !
C’est grâce au ski, qui contribue pour moitié au développement touristique en Rhône Alpes que des infrastructures se sont créées en montagne, permettant le développement de services publics, de commerces de proximité et ainsi une vie a l’année dans ces territoires.
Il est dommageable que votre vision économique se résume à une diversification de l’économie de montagne dans une vision décarbonnée en oubliant de pérenniser et de consolider le tourisme de neige.
A quoi sert votre démarche si vous ne vous demandez pas qui skiera en 2040, sur quelles remontées, dans quelles stations?
Si vous ne vous demandez pas quels seront nos atouts, en 2040, pour attirer les skieurs et leurs accompagnants?
Vous voulez sécuriser les emplois, diminuer la précarité des salariés et aider nos industries ? Revenez sur les 35 heures, défiscalisez les heures supplémentaires, diminuez vos dépenses, baissez les charges qui étouffent nos entreprises, redonnez du pouvoir d’achat à ceux qui tous les matins se lèvent pour aller travailler et créer de la richesse !
Encouragez les investisseurs à venir dans nos territoires, libérez la croissance, donnez de la souplesse aux entreprises, facilitez les procédures administratives et environnementales, travaillez au choc de simplification promis par le président de la république, harmonisez les normes fiscales et environnementales européennes. La France se situe à la 21eme place mondiale en terme de compétitivité par rapport au coût salarial. Nos entreprises ont l’EBE le plus faible d’Europe.
Comment voulez vous imaginer raisonnablement un instant, dans ces conditions, un avenir serein et prometteur pour nos industries ?
Vous voulez lutter contre la désindustrialisation de nos vallées et soutenir la création d’emplois ?
Faites en sorte que nos entreprises, comme Rio Tinto Alcan, puissent bénéficier d’une énergie à un prix concurrentiel.
Arrêtez vos politiques punitives et dogmatiques, diminuez le prix sur les cartes grises et revenez sur votre augmentation sur la TICPE cela rassurera beaucoup les 17.000 salariés qui travaillent majoritairement pour l’automobile, dans la vallée de l’Arve.
Vous voulez développer la montagne pour tous, vous voulez faire en sorte que les jeunes fréquentent la montagne et s’y épanouissent ? Redonnez du pouvoir d’achat à leurs parents afin qu’ils puissent accompagner leurs enfants en montagne et payer dignement leurs forfaits.
Voila Mr le président, quelques idées concrètes, pragmatiques émanant de personnes vraiment à l’écoute des montagnards et amoureux de leurs montagnes !
Je sais, Mr le président, que ces décisions ne sont pas toutes de vos compétences, mais encore une fois, vous avez tous les pouvoirs pour agir ou mettre la pression sur le gouvernement que vous soutenez. Il est urgent de faire de la politique autrement, de passer des paroles aux actes, il en va de l’avenir de nos montagnes, de l’avenir de notre région et de l’avenir de notre pays. Merci."