Lyon-Turin : Pourquoi ? Comment ?
Jeudi 9 février nous avons, au sein du Conseil Régional, débattu et donné notre avis sur l’Enquête préalable à la déclaration d’utilité publique des itinéraires d’accès à la liaison ferroviaire transalpine Lyon-Turin.
Ce projet dont tout le monde parle, à intervalle régulier, depuis 1989, est un projet d’aménagement du territoire d’une extrême importance qui aura un impact considérable sur les développements économiques et écologiques de nos régions.
Porté par les élus locaux des 2 savoies, il est totalement soutenu par l’Europe en tant que maillon essentiel et stratégique du « corridor méditerranéen » du nouveau réseau central européen.
Le Lyon-Turin aura pour conséquences :
-de développer le transport des marchandises par rails et d’alléger le transport routier,
-de développer le transport ferroviaire des voyageurs permettant un meilleur accès à nos territoires,
-de faire diminuer la pollution, avec une net impact sur les Gaz à effet de Serre, la pollution de l’air,…
Moins de pollution dans nos vallées aura un effet positif sur le risque de maladies respiratoires dans des zones géographiques « fermées » telles que la vallée de l’Arve et préservera nos richesses naturelles :
- Lac du Bourget, plus grand lac naturel de France
- Mont blanc, plus haut sommet d’Europe
- Maurienne, vallée magnifique
L’objectif initial du Lyon Turin était de développer le fret ferroviaire et de diminuer la circulation routière des camions dans nos vallées alpines.
Mais, les élus locaux ont vite compris que l’amélioration des infrastructures et du réseau ferroviaire, pourrait, aussi, avoir des répercussions importantes et positives sur le transport de voyageurs avec un intérêt touristique non négligeable.
Aujourd’hui, 1 million de voyageurs prend chaque année le train pour venir passer des vacances en Savoie et Haute-Savoie. La demande concernant ce mode de déplacement est de plus en plus forte. Si demain, nous ne développons pas notre accès par rail en doublant nos voies uniques, nous ne pourrons pas préserver le développement touristique qui fait vivre nos vallées de montagne.
Ainsi, à double utilité, le projet global du Lyon Turin comporte 2 itinéraires et 2 phases de réalisations.
ITINERAIRES :
-Les voyageurs emprunteront la nouvelle ligne grande vitesse réalisée entre Lyon et Chambéry. Ils passeront sous le tunnel Dullin-L'épine jusqu’à la gare de Chambéry Nord (qui sera rénovée) puis circuleront sur la ligne ferroviaire historique jusqu’en Maurienne et en Italie. Ces aménagements nous feront gagner près d’1/2 heure sur le temps total du trajet Paris-Annecy.
-La ligne fret passera sous les massifs de la Chartreuse, de Belledonne et du Glandon puis se dirigera par une voie réservée vers le tunnel de base et l’Italie.
PHASES :
-La Phase 1 prévoit la réalisation des accès français constitués d’une ligne mixte voyageurs/fret entre Grenay et Chambéry ainsi que sous le tunnel Dullin/L’épine, puis l’utilisation de la ligne historique ferroviaire en direction de la Maurienne. Cette mixité voyageur/fret sur certains tronçons, permettra un 1er report modal de la route vers le rail et le développement d’un premier tronçon d’autoroute ferroviaire pour les camions.
-La Phase 2 engage clairement la création d’une nouvelle ligne Fret, entre Avressieux et Saint Jean de Maurienne avec la réalisation du premier tube des 3 tunnels : Chartreuse, Belledonne, Glandon permettant d’atteindre le tunnel international (tunnel de base) de 57 Kms de long qui reliera St jean de Maurienne à la vallée de Suze en Italie.
C’est la mixité des lignes ainsi que le phasage du projet qui a fait débat au sein de notre assemblée.
En effet, comme indiqué ci-dessus, seule la phase 2 des travaux prévoit la ligne spécifique fret. Accepter une réalisation de la phase 1 sans concomitance avec la phase 2 mettrait en péril la réalisation globale du Lyon Turin.
Lors des débats, nous avons donc insisté pour que la phase 1 qui impose la mixité avec un passage du fret le long du lac du Bourget puis dans Chambéry ne soit que temporaire et réalisée en parallèle avec la phase 2 qui développe la ligne spécifique fret.
En effet, nous ne pouvons accepter que près de 13 millions tonnes de fret, dont des produits dangereux passent près du lac ou transit par une ville de façon définitive.
Par ailleurs, au-delà de Chambéry, la ligne historique et le tunnel du Mont Cenis seraient vite saturés et ne permettraient pas d’atteindre l’objectif clairement affiché de 20 millions tonnes de fret vers Italie par ferroviaire.
Il était indispensable de rappeler que le projet n’a vraiment d’intérêt que dans sa globalité avec la réalisation de l’ensemble des tunnels de manière solidaire.
Le Lyon Turin doit être compris dans sa cohérence globale jusqu’au tunnel de base, dont la Déclaration d’Utilité Publique a déjà été prononcée et dont le commencement est prévu pour 2013. Pour information, à ce jour 4 galeries de reconnaissances de 4 km chacune ont déjà été percées.
De surcroît, RFF a toujours prévu une réalisation globale du projet pour les voyageurs, le fret et le tunnel de base d’ici 2020 à 2023 et a toujours refusé tous scenarii alternatifs mettant en mixité, de façon durable, le fret et les voyageurs.
(RFF = Réseau Ferré de France qui est maître d’ouvrage du projet pour la section française)
Après environ 4 heures de débat et à la demande express de Xavier Dullin, notre collègue Savoyard, Jean Jacques Queyranne a accepté de noter précisément que l’intégralité du projet, c'est-à-dire, la finalisation des 2 phases, devra être à son terme avant l’ouverture du tunnel de base transalpin.
Cet engagement rassure les défenseurs du fret et du projet Lyon Turin.
Il me semble intéressant de vous informer que le groupe Europe Ecologique/les Verts s'est abstenu lors du vote de ce dossier et à refusé de prendre part aux débats, malgré l'impact environnemental positif du transport ferroviaire. Allez comprendre ...
Il est aussi bon de noter que, si les priorités historiques de ce projet avaient été respectées, il aurait été logique que la ligne fret soit développée avant la ligne voyageurs.
Cela aurait aussi prioritairement répondu aux impératifs du Grenelle de l’environnement qui prévoit une taxe sur le transport des marchandises sur route. Nous devons comprendre que nous ne pouvons encore contraindre nos entreprises sans développer de façon urgente des solutions alternatives de ferroutage.